Un Handicap pas handicapant – Marburger Leuchtfeuer pour Sabriye Tenberken

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Handicap visuel, joie de vivre et aventure sont inconciliables – et pourtant Sabriye Tenberken vit tous les jours cette contradiction apparente. Cette année, le „Marburger Leuchtfeuer“, prix honorifique récompensant des actions exemplaires de défense des droits civiques lui sera décerné pour son engagement international envers les personnes mal et non-voyantes. La ville universitaire de Marbourg et l’association „Humanistische Union“ (association pour les droits civiques) lui attribuent ce prix.
Tenberken, qui est devenue complètement aveugle à l’âge de 12 ans, a développé pendant ses études de tibétologie à Bonn une langue braille pour la langue écrite tibétaine. Après avoir récolté des dons, elle est partie au Tibet avec en tête l’idée de fonder une école pour non-voyants à Lhassa. Elle a traversé la haute vallée tibétaine à dos d’âne pour trouver des enfants aveugles à qui enseigner entre autres la lecture et l’écriture, les mathématiques, l’anglais et la musique. La personne la plus importante dans ce projet est certainement son allié et compagnon Paul Kronenberg.
Comme beaucoup de non-voyants, son chemin l’a menée vers Marbourg. Dans la ville au bord de la Lahn se trouve l’Institut allemand des personnes mal- et non-voyantes („Deutsche Blindenstudienanstalt“).C’est la plus ancienne et la plus importante école germano-phone où des personnes atteintes d’un handicap visuel peuvent passer le baccalauréat. Tenberken y a obtenu son diplôme en 1993.
En choisissant de décerner ce prix à une personne handicapée, le jury veut les encourager à s’engager dans la société avec leurs capacités et leurs idées propres. „Pour cela, il n’est pas obligé d’être un handicapé favorisé“, explique le jury. „Après toutes les critiques, fondées, sur les conditions de vie injustes qui existent dans notre pays, nous voulons aiguiser la sensibilité des citoyens sur le fait que des êtres humains luttent plus dur que nous pour leur existence dans d’autres parties du monde“. En distinguant Sabriye Tenberken, le jury veut aussi mettre en avant „un engagement international pour un monde plus juste“.
A Marbourg, les aveugles font partie intégrante de la vie. Dans les supermarchés, le person-nel est habitué à assister les non- et mal-voyants dans le choix des produits. Dans les restaurants, des cartes en braille sont disponibles. Les feux signalent le passage au rouge et au vert par des sons spécifiques.
Marbourg a aussi une longue tradition d’engagement social. Cela a commencé avec les actions de la comtesse Elisabeth de Thuringe pour les malades et les pauvres au début du 13ème siècle, s’est poursuivi avec la fondation de l’Institut allemand des personnes mal et non-voyantes („Deutsche Blindenstudienanstalt“) et la création de l’association fédérale Aide à la vie („Bundesvereinigung Lebenshilfe“) pour les personnes atteintes d’un handicap mental. A cela s’ajoutent de nos jours de nombreuses activités sociales proposées par des organismes variés.
Lors de la remise du prix le 26 avril, Mr le Maire Egon Vaupel et Dieter Gutschick (directeur de l’association „Aktion Mensch“) féliciteront Sabriye Tenberken pour son engagement sans frontières. Avec une énergie infinie, elle et son compagnon se lancent déjà dans un nouveau projet : la création d’un centre de formation d’éducateurs sociaux dans la ville de Kerala en Inde.

Ute Schneidewindt